Pendant le 1er confinement de 2020 et alors que nous devions ré-inventer de nouvelles façons de partager les sciences avec le grand public, le Palais de la découverte de Paris a lancé sur les réseaux sociaux le défi dessiné #Dessinemoilessciences.
Le concept ?
Chaque semaine, les médiateurs et médiatrices donnent un thème et tous les dessinateurs et dessinatrices inspirés se lancent pour représenter ce que ça exprime pour eux. Ensuite, au bout de quelques jours, tous les dessins collectés sont commentés par l’équipe de Palais.
Un ping-pong dessinatoire et scientifique jubilatoire !
Pendant 13 semaines, le palais a ainsi proposé des thèmes divers et variés englobant les aimants, le clitoris, internet, l’infini en mathématiques, les planchers océaniques, les fourmis , la vie sur mars ou encore la foudre !
Il y en avait pour tous les goûts !
Pour ma part, j’ai participé pendant 6 semaines au défi et ai aussi préparé une illustration, pour la dernière semaine bonus qui avait lieu lors de la Fête de la science sur le thème des couleurs.
Comme je suis un peu prévisible, j’ai bien sûr saisi toutes les occasions possibles pour dessiner des bestioles (on ne se refait pas).
Les voici !
Aimants, un monde magnétique
Quand j’étais en 1ère année de master d’éthologie, j’avais été surprise de découvrir toutes les expériences menées dans les années 50-60 pour déterminer comment les pigeons retrouvent leur chemin ! Il y en a eu des dizaines où on testait leur orientation vis à vis du soleil, des étoiles, des constructions humaines ou de la topographie. Plusieurs expériences ont même testé leur odorat ! Aujourd’hui, le fait est, qu’on ne sait pas encore tout sur comment ces braves piafs retrouvent leur chemin.
On pense qu’ils utilisent un mélange de tout ça (odeur, topographie, étoiles, soleil, etc), plus… un super pouvoir qu’on leur envie : l’utilisation des champs magnétiques terrestres. Nos braves pigeons ont des nanocristaux de magnétite dans la peau au dessus du bec et on a découvert que si on leur accroche un petit aimant sur le dos pendant qu’ils volent, ils s’égarent…C’est à ça que fait référence mon dessin.
Si ça vous botte, j’avais enregistré une chronique sur les animaux migrateurs dans l’émission n°29 du nid de pie où je détaille un peu ces expériences sur leur orientation. Et comme j’aime beaucoup les pigeons, je parle aussi d’eux dans la chronique de l’épisode n°11 qui leur est entièrement consacré.
Rrou !
Toutes les autres participations sur ce thème et les explications correspondantes et détaillées sont visibles ici.
Le poulpe
Le palais de la découverte héberge un vrai poulpe en ses murs ! Je n’avais donc même pas à me triturer la cervelle pour dessiner une bestiole pour ce thème-ci. J’aime beaucoup les céphalopodes dont on ne connait encore que peu de choses. Leur super-capacité à changer de couleur, voire même de forme et de texture est assez hallucinante. J’ai donc misé là dessus pour illustrer un poulpe camouflé…et glisser une référence cinématographique de bon goût.
J’évoque les seiches qui trichent dans la chronique issue de l’épisode n°10 du nid de pie radiophonique, pour celles et ceux que ça intéresse !
Retrouvez tous les dessins et explications autour du poulpe ici !
Internet
Pour certain.e.s, « Internet is for porn« , mais ces dernières années nous ont démontré que « the internet is for cats » en réalité.
Les vidéos, memes, gifs de tous poils, mettant en scène nos félidés préférés et le nombre de vues ahurissants qu’elles génèrent nous le rappellent à chaque instant.
J’ai donc décidé d’illustrer quelques références Pop (comme la vidéo Nyan cat à l’écran) et les plus grandes star félines d’internet.
Voici donc de gauche à droite et de haut en bas: Lil Bub (dessiné sur l’écran d’ordinateur), Vénus, le chat à deux visages, Grumpy cat, Hamilton, le chat hipster (avec sa belle moustache blanche) et pour finir les deux héros de la chaîne Cat Navi Desk, rendus célèbres pour leur utilisation intensive d’une sonnette pour recevoir des croquettes.
Tous ces adorables matous ont des milliers, voire des centaines de milliers de fans sur leurs chaînes youtube et réseaux sociaux associés. D’autres, pourtant passés de vie à trépas comme Grumpy Cat ou Lil bub, restent des stars et des machines à produits dérivés assez extraordinaires. Ça donne un peu le tournis !
Définitivement et indubitablement, les chats sont les rois d’internet (et donc, du monde, non ?).
Pour poursuivre votre découverte des chats d’internet, faites comme moi, perdez votre vie à scroller ce très long article du site Bored Panda.
Toutes les participations au #Dessinemoilessciences sur le thème d’Internet sont visibles ici !
Histoire de fourmis
Le palais de la découverte a consacré une exposition aux fourmis entre octobre 2013 et août 2014. Figurez-vous que je l’avais visitée alors que je venais tout juste de commencer ma thèse ! C’est l’une des rares expositions temporaires que j’ai visité au palais (si ce n’est la seule, en fait) et je l’avais adoré ! Il y avait notamment une fourmilière géante où l’on pouvait observer des fourmis coupeuses de feuille, et je me souviens de maquettes en bois que l’on pouvaient activer qui mimaient les mouvement des mandibules ou celle d’une piqure à l’aide du dard (car oui les fourmis ont un dard) ! Elles m’avaient fascinées car…j’adore les maquettes ! En vrai, je pense avoir les photos quelques part, je pourrai même vous en faire un article rétrospectif à l’occasion ! je dois avoir, comme à mon habitude tout miraillé…Si vous aimez la muséographie et que voir des présentations d’expositions qui ne sont plus visibles ne vous frustre pas trop, je ferai ça !
Quand l’équipe du palais a proposé le thème des fourmis, j’ai donc sauté sur mes crayons pour représenter un comportement que je trouve à la fois drôle et passionnant. L’élevage des pucerons par les fourmis noires. C’est même quelque chose que l’on peut observer facilement sous nos latitudes.
Les pucerons piquent la plante avec leur bouche en forme de tube, aspirent la sève…et l’évacuent sous forme de miellat, de l’autre côté ! Les fourmis raffolent de ce liquide sucré et s’en nourrissent. En contrepartie, elles surveillent leurs pucerons et les défendent contre d’autres prédateurs ! De bonnes bergères de pucerons ! Je les ai donc affublé d’un petit bâton et d’un joli petit gilet de moumoute pour aller avec leur fonction de gardiennes.
D’ailleurs si les fourmis vous passionnent, j’avais reçu deux invités au top pour l’émission n°14 qui nous en parlaient avec moults détails.
Et bien sûr, toutes les participations sur le thème des fourmis sont ici !
Qu’est-ce que la chimie ?
Pour préparer une émission radio sur Jean-Henri Fabre, l’entomologiste auteur des Souvenirs entomologiques, j’avais un peu potassé ses écrits, au style très agréable. Le récit qu’il fait de l’expérience qu’il a mis au point pour étudier comment les papillons mâles du Grand paon de nuit sont attirés par les effluves d’une femelle est tout à fait jubilatoire ! Il décrit que des dizaines de papillons se sont retrouvés soudainement dans sa maison, attiré par la femelle qu’il retenait prisonnière sous une cloche à fromage en grillage, causant bien des émotions à sa famille et à sa bonne…Sacré Jean-Henri !
Quand le thème « chimie » a été proposé je me suis donc dit qu’il était l’occasion de parler de ces charmants petits papillons et de leurs discussions odorantes par phéromones interposées !
Le clitoris
Quand nous avons commencé à travailler sur notre 3e conférence des Désenchantés sur Alice au Pays des merveilles avec ma collègue Anne-Cécile, j’ai choisi de traiter le cas du morse, parce que l’animal a une bonne tête mais je ne connaissais que peu de choses de son mode de vie et sa biologie. En m’intéressant à son baculum, l’os de son pénis, qui est exhibé, sculpté, décoré et vendu aux touristes, je me suis pausé la question de l’existence d’un équivalent féminin.
J’ai donc découvert l’existence du baubellum, l’os clitoridien, mais l’absence quasiment totale d’informations et d’images à son sujet m’a sidérée ! Et quelque peu agacée ! Cette illustration s’inspire directement de cette constatation. J’ai donc un peu détourné le thème non pas pour parler du clitoris, mais bien de son os ! Et de ce que son absence de représentation révèle de notre rapport aux sciences naturelles. Bien souvent les mâles de toutes espèces sont plus étudiés que les femelles. Cet article sur la sur-représentations des animaux mâles dans nos muséums d’histoire naturelle avait étayé ma reflexion sur le sujet . Je vous le recommande ! N’oublions pas que pendant longtemps les naturalistes étaient exclusivement masculins. Il semblerait donc que leurs centres d’intérêt aient été légèrement biaisés !
Toutes les participations sur le clitoris sont à retrouver ici.
Les couleurs – spécial Fête de la science 2020
Je me suis arrêtée après la semaine sur le clitoris, par manque de temps et parce que ma tendinite s’était méchamment réveillée. J’ai donc dû passer mon tout malgré les thèmes bien chouettes. Je vous encourage donc à aller voir les productions sur les thèmes de la foudre, de la vie sur Mars, du hasard dans les maths.
Et des montagnes. Pour la fête de la science, le palais a relancé le concours pour une semaine sur le thème des couleurs.
Je n’ai donc pas résisté à l’idée de dessiner un ara Hyacinthe, un poil vantard, très content d’affirmer qu’il n’est pas réellement bleu. En effet, le bleu , en tant que pigment est très rare dans la nature. Bien souvent, l’animal possède une structure sur ses écailles, ses plumes, sa peau, qui renvoie la lumière de telle façon que sa couleur nous parait bleue. C’est par exemple le cas chez le papillon Morpho et aussi chez notre ara Hyacinthe qui sont tout à fait dépourvus de pigments bleus ! Pour creuser la question, je vous invite à lire cet article de Pierre Kerner sur les écailles du papillon Morpho !
Toutes les participations sur les couleurs, spécial Fête de la science sont ici !
Et voilà ! Vous avez sous les yeux toutes mes productions pour #Dessinemoilessciences ! J’espère que cela vous a plu ! En tout cas l’exercice était fun et j’ai adoré voir les participations des autres et les explications des médiateurs et médiatrices !
Depuis le 30 novembre 2020, le Palais de la découverte a fermé ses portes pour de grands travaux qui vont s’écouler sur plusieurs années (5 normalement) ! Car notre cher Palais date tout de même de 1937 ! En attendant de le voir tout beau, tout propre, tout rénové, un nouveau sujet de dessin a été proposé : celui d’illustrer VOTRE vision du palais !
Je vais y réfléchir de mon côté…Et vous, vous avez des idées ?